Expédition Khumjungar 2017, 6759m

Sommet vierge des damodar ?

 

Expedition au Khumjungar

Départ – Samedi 2 décembre

Après le départ de Cécile, nous dégustons un café à L’Himalayan Java Coffee avec Guillaume. Le temps s’écoule paisiblement dans cette ville bruyante mais tellement attachante.
Nous sommes invités à déjeuner à Baktapur. Cette ancienne ville a été durement touchée lors du tremblement de terre de 2015.
Bhaktapur a longtemps été la capitale politique et économique du Népal jusqu’à la conquête des Gorkha de 1769. Elle a toujours été une ville en marge avec une indépendance de caractère assumée avec force et conviction.
Comme l’écrivait Alexandra David-Néel, cette ville est irréelle et semble être la scène d’un théâtre où « on s’attend à entendre un coup de sifflet et à voir surgir des machinistes qui soudainement enlèveront ces palais et ces temples fantastiques ».
Dernière soirée avec Guillaume. Il aura été mon frère des montagnes durant toute cette expédition. Nous avons partagé les difficultés et les joies de cette merveilleuse aventure humaine qui soude les amitiés à l’infini.

Retour à Kathmandu – Vendredi 1er décembre

Pour rejoindre Kathmandu, il nous aura fallu 9 heures de bus depuis Pokara. La route est un cordon d’asphalte qui nous semble être un billard à côté de la piste de la veille.
A l’arrivée, Babu Hari nous attend pour nous convier à notre repas de fin d’expédition. Il nous offre à cette occasion un magnifique Thanka. Il n’y a aucune convenance dans ce geste. Juste de la fraternité et la joie de partager la réussite d’une expédition qui nous a comblés de bonheur. Babu est un être d’une gentillesse et d’une humanité peu commune. Il règne avec lui un climat d’affection véritable et d’amitié sincère.
Son cadeau nous touche profondément et c’est avec tristesse que nous le quitterons. Par contre, j’ai la chance de rester avec lui à Kathmandu après le départ de mes amis, pour me rendre à Manegaon, son village, éprouvé lors du tremblement de terre de 2015.
Le Népal a été secoué le samedi 25 avril 2015 par un terrible tremblement de terre d’une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter. Des répliques successives ont aggravé une situation chaotique à Kathmandu : effondrement du centre historique, maisons écroulées, bâtiments et routes fissurés,…mais aussi dans de nombreuses zones sinistrées dans le reste du pays.
Notre association CLIMB FOR FUTURE a décidé de participer à la reconstruction du village de Babu.
CLIMB FOR FUTURE a été fondée à Grenoble en 2014. Ce projet est porté par 5 alpinistes.
Tous les détails de la reconstruction sur www.reconstruction-nepal.org

Jomsom – Mardi 28 novembre

Dès le matin, nous embarquons avec toute l’équipe pour 2 heures de bus : direction Jomsom. La route chaotique nous ramène dans la vallée de la Kali Gandaki et suit langoureusement les détours de la rivière en passant par les villages de Tangbé et Kagbéni. A l’approche de Jomsom, la vallée s’élargit pour devenir une immense plaine de pierre surplombée par la face impressionnante du Nilgiri North.
Nous retrouvons un confort perdu depuis nos 22 jours passés en altitude. Un vrai lit, une douche miraculeuse, un café dans un bar improvisé où gémit Bob Marley en fond sonore et le reste de la journée passé à flâner dans les ruelles du village.
Pour notre soirée de fin d’expédition, comme le veut la tradition, notre équipe a organisé une fête où Tedju, notre super cook, nous a préparé un Dal Bhat royal. Musique et danse avant la « cérémonie » de remise des pourboires. Cette équipe a été la clé de notre succès. Sans eux, sans leur dévouement, leur volonté et leur attention de tous les instants, rien n’aurait été possible. Joie et nostalgie d’une aventure qui prend fin.

Tetang – Lundi 27 novembre

Au départ de Tangyé, l’équipe se scinde en deux groupes. Cécile et Alexandre décident de faire l’étape à cheval. Guillaume et moi restons avec nos sherpas et le staff népalais.
Le chemin qui nous attend est la plus longue étape de notre trek : 23 km et 1.200m de dénivelé mais, nous le savons pour être déjà venu ici en 2014, ce sera une des plus belles.
Après une rude ascension, nous atteignons une crête qui navigue en ondulant entre des canyons vertigineux. A chaque virage le paysage change brusquement et nous passons simultanément des dômes de sable gris, à de profondes entailles garnies de pénitents de pierre, aux gouffres bordés de falaises stratifiées d’ocre et de brun, le tout baigné d’un ciel bleu profond. Nous sommes suspendus au dessus du monde comme en lévitation, planant par delà les plaines et les villages ceinturés d’un vert éclatant. Autour de nous se déploient les montagnes de la vallée de la Kali Gandaki. Comme des sentinelles en uniforme blanc, elles veillent sur l’artère argentée de la rivière.
La nature ne peut pas s’empêcher de produire de la beauté. Même lorsque son objectif est d’éroder la montagne, elle le fait avec élégance et raffinement.
La longueur du parcours nous laisse le temps d’un retour sur les journées précédentes. Avec Guillaume, nous restons parfois de longues heures sans parler, juste le bonheur de savoir présent le compagnon qui marche à ses côtés, chacun dans son monde intérieur, brassant les souvenirs et les incohérences de la pensée vagabonde.
Au passage d’un col à 4.050m, le paysage s’ouvre sur la chaîne du Dhaulagiri et de l’Annapurna. Les géants de plus de 8.000m se drapent de filaments nuageux qui prolongent dans le ciel leurs parures de neige.
La descente sur Tetang est un raide pierrier que nous brassons en zigzagant dans la pente pour atteindre le pont câblé qui franchit la Narsing Khola.
Le village est posé sur un promontoire qui surplombe la rivière. Il est ceinturé de champs en étage qui composent une mosaïque de couleur et de texture. Face à lui, de l’autre côté de la rivière une immense falaise rouge dresse sa face cannelée, parsemée de grotte excavées.
Nous retrouvons les cavaliers qui, à l’évidence, ont trouvé l’étape moins éprouvante que nous.

Vers Tangyé – Dimanche 26 novembre

Prochaine étape Tangyé.
Difficile de quitter Dhey. L’accueil et la chaleur humaine des habitants du village nous attache radicalement à cette terre. Maintenant nous reprenons notre chemin en direction du sud, le signe d’un changement définitif d’orientation. Retour inexorable vers la vallée et les villes. Tournant le dos à Dhey, passant un col au dessus du village, nous jetons un regard plein de regret à ce village et la vie dure qui marque les traits de ses habitants. Pourtant jamais n’y sont absentes la joie, la compassion, la curiosité et la fraternité.
Cette terre est une leçon de vie permanente que nous voulons tous garder comme une pépite précieuse.
Le chemin qui mène à Tangyé se déroule sur une crête brune de terre et de sable, crevassée par les pluies de la mousson dans une succession de dômes de marne grise.
Nous surplombons de profondes vallées ceinturées de falaises percées de centaines de grottes. Au passage d’un col à 3.878m, nous retrouvons le paysage de montagnes couvertes de neige que nous avions admiré à notre arrivée à Muktinath.
Tangyé et ses dizaines de stupas se situent au pied d’une falaise brune à 3.240m. C’est un des plus beaux villages du Mustang. Son architecture sacrée émerge de toute part. Chaque rue, chaque place abrite un stupa coloré ocre et blanc délicatement orné de fresques.
Juste avant le village nous retrouvons le reste de notre équipe. Nous les avions laissés avant de rejoindre notre premier camp de base. Seul Mingma et une équipe réduite nous avaient accompagnés en altitude.

Village de Tangyé à 3240m

Fête à Tangyé

Repos à Dhey – Samedi 25 novembre

Nous passons notre journée de repos à Dhey. Nous avons vraiment souffert du froid pendant notre séjour en altitude. Dans ces conditions, le physique est mis à rude épreuve. Toute notre énergie était mobilisée pour résister à la morsure glaciale des températures. L’effort cumulé fut intense et maintenant les corps réclament une pause nécessaire.
Le village de Dhey est constitué de quelques maisons au milieu desquelles serpentent d’étroites ruelles de terre. Dans les camps alentour, des hommes et des femmes s’affairent autour des troupeaux de yacks. L’air est froid, la terre est dure et le soleil naissant peine à faire reculer le gel déposé par la nuit. Le ciel se remplit de filaments blancs poussés par un vent d’altitude toujours vif.
Le temps s’étire lentement, contrastant avec l’intensité des jours précédents. Déambulant dans les ruelles, jusqu’en bordure des champs, nous croisons quelques habitants qui nous renvoient un salut amical. Nous décidons d’aller visiter les grottes excavées dans les falaises qui surplombent la vallée au sud du village en traversant les prairies par des chemins étroits.
Les grottes sont creusées dans un conglomérat de sable, de terre et de galets compressés par l’empilement millénaire des sédiments. Le plus surprenant reste leur emplacement. Elles sont majoritairement situées à plusieurs dizaines de mètres du sol. Seules un petit nombre demeurent accessibles par quelques pas d’escalade hasardeux. Nous visitons plusieurs salles reliées les unes aux autres par des passages dans la paroi.
Retour au village avant la disparition du soleil derrière les montagnes. La température chute brusquement et nous nous retrouvons dans notre maison d’accueil autour d’un thé réconfortant.
Demain nous reprendrons notre route pour Tangyé et ses stûpas colorés.

Dhey – Vendredi 24 novembre

Après avoir franchi le Gayu La à 5.100m, nous descendons dans le ventre d’une vallée secrète, serpentant entre les pentes de moraines et les fonds marins émergés. Le sentier mêle galets, sable, énormes boules de granit, fossiles d’ammonites. Un musée géologique à ciel ouvert.
Ici peu de passage. Le sentier qui remonte vers le nord nous mène à Dhey et franchi le Kya La à 4.750m avant de redescendre sur le village. Le vent balaye sans cesse les rares pâturages et le froid mordant décape la terre. Sur un plateau désertique, de maigres champs d’orge moissonnés où paissent des yacks à l’épaisse fourrure noire dominent une vallée étroite surplombée de falaises de poudingue. Des dizaines de grottes ont été creusées par une civilisation inconnue. De nombreux archéologues ont tenté de comprendre l’origine de ces excavations en pleine paroi mais aucune explication ou origine n’a pu être établie. Parfois l’une d’elle abrite un stupa. Ses murs sont alors peints de fresques représentant la vie de Bouddha et des personnages du panthéon bouddhique. Nous sommes accueillis dans la maison du chef du village qui pour l’occasion nous offre un repas de viande de yack. Toute la maison est en activité pour se montrer digne. Le sens de l’hospitalité est un devoir dans ces vallées isolées où la fraternité est une condition de survie. Dans la cuisine, territoire des femmes et des enfants, une épaisse vapeur couvre les plats bouillonnants où mijotent la viande et les légumes du dîner. Le maître de maison dirige les tournées de Rakshi, un alcool rude et râpeux dont l’origine reste, de notre point de vue, difficile à établir.
Ce soir nous dormons dans cette maison accueillante.

Camp à 4.767m – Jeudi 23 novembre

La tempête a soufflé toute la nuit. Hier nous avons bénéficié d’un répit accordé par les dieux et les déesses. Ils ont voulu protéger les petits hommes et leur laisser le temps de respirer l’air rare.
Mais le vent est en colère. Il souffle sa rage sur tout le glacier. Alors les déesses se déshabillent de leur parure de nuages pour s’offrir dans toute leur nudité.
Nous grelottons malgré nos duvets d’altitude. La température a brusquement chuté et au petit matin nous quittons en toute hâte la rudesse du camp de base.
La descente est un moment d’allégresse et d’insouciance. La réussite est derrière nous. Petit à petit, nous allons renouer le lien avec le monde des hommes et rien ne saurait nous entraver. Les corps sont légers, les muscles souples et la basse altitude nous offre un oxygène euphorisant.
Nous établissons un nouveau camp à 4.767m. Une herbe tendre recouvre le plateau et comme des enfants émerveillés, nous marchons sur la souplesse du sol. Nous posons nos pieds nus sur le tapis végétal pour sentir un bref instant la douceur de la terre.
Mingma, qui nous a accompagné dans toute cette expédition et nous a guidé sur les sommets du massif du Damodar Himal, nous invite à partager une bière, comme pour sceller le pacte fraternel des himalayistes. Cet homme simple et attentionné a pourtant atteint 40 fois un sommet de plus de 8.000m.
Seul le Népal peut produire des êtres de cette trempe. Respect.

Descente du sommet de 6.475m

 

Dino Himal – Mercredi 22 novembre

Nous avons passé une nuit très chaotique. Un vent violent à 100 km/h a balayé notre camp jusqu’au matin. Ici, nous pouvons toucher la consistance du monde. Tout a une densité, une épaisseur. L’air migre de la transparence à l’opacité, de l’apesanteur à la gifle brutale et la neige peut passer d’un duvet délicat à un déluge de plomb.
La lueur blême du matin annonce un calme relatif.
Il est toujours difficile de comprendre l’urgence apparente à sortir de la chaleur et de la protection maternelle de la tente. La nuit partielle et le mauvais sommeil ne peuvent émousser cet appel irrésistible.
Car rien n’est plus grisant que de sentir le froid né de la nuit d’altitude. Le visage se serre. L’air a un goût de métal glacé. Le corps frissonne de plaisir à l’idée de s’immerger dans cette nature immense.
Les crampons griffent le cristal de la langue glaciaire, les frontales balayent le sol, laissant jaillir des éclairs blancs.
Parfois il faut arrêter sa course pour reprendre son souffle. L’altitude brûle la gorge. L’air sec colle au palais et très vite il faut boire. Nous sommes tous là, debout, liés par cet amour infini pour les déesses blanches qui nous entourent.
Un sommet magnifique nous accueille à 6.475m. Belvédère époustouflant sur le bassin glaciaire qui comble la vallée.
Après le passage d’un col, nous gravissons un second sommet vierge à 6.400m. Ce sera le Dino Himal en l’honneur du fils à venir de notre Guillaume et de Marine.
Un souffle faible et froid caresse la peau et le pouls de la nature s’harmonise subtilement avec celui des hommes.
Nous sommes immergés dans notre expérience si proche et si lointaine à la fois, dans cet instant étiré à l’excès, aujourd’hui…hier…nous ne le savons plus, mais heureux de dire que nous aimons cette montagne, que la fraternité peut souder les hommes et que la solidarité est une force indestructible.
Le vent nous rattrape dans la descente. Le « summit day » s’achève dans les bras de nos sherpas qui viennent à notre rencontre sur le glacier pour fêter avec nous cette superbe réussite.
Nous sommes heureux et pour un bref instant, grâce à notre détermination et notre humilité, le monde est devenu meilleur.

Un sommet à 6350m

 

Mardi 21 novembre

Nous avons passé notre journée à observer le Khumjungar. Sous la lumière du jour nous pouvons distinguer très clairement la structure de cette montagne. La complexité de la face nous oblige à imaginer toute une série de cheminements pour prendre pied sur l’arête sommitale. Mais ils ont tous une composante dangereuse. Séracs, corniches, déversoir d’avalanches. Les bourrasques violentes qui nous ont précédé ont soufflé une quantité impressionnante de neige, déposant d’énormes plaques à vent sur notre itinéraire. Les crêtes sont drapées de corniches monstrueuses qui pendent comme des lèvres et menacent l’accès au sommet.
La montagne est maîtresse chez elle et la déesse Khumjungar n’accepte pas que son corps soit foulé par les petits hommes. Elle veut rester intacte, intouchable, préférant continuer à s’habiller de nuages pour une future noce blanche. Pour l’instant, nous ne sommes pas invités aux festivités.
Notre capacité à analyser sereinement la situation, excluant tout aspect émotionnel, est la clé de la sagesse en montagne. Aussi, après une longue réflexion, nous prenons la décision de ne pas tenter le Khumjungar, mais d’enchaîner plusieurs sommets du bassin glaciaire où se trouve notre camp 1 et dont certains restent vierges de toute ascension.

Camp 1

 

Lundi 20 novembre

Départ ce matin du camp de base avancé pour traverser la passe de Tangyé à 6.300m. Ce col est une étape importante dans notre progression. Il nous ouvre les portes du glacier qui s’insinue à travers le relief du socle du Khumjungar et vient buter contre la pente qui mène au sommet de la déesse. Maintenant le paysage change. Le ciel se rétrécit dans l’espace que lui cède les montagnes et toute végétation a totalement disparu. Mais le spectacle prend une force et une tension exaltante.
Dans la lumière rasante du soir, rien ne peut rivaliser avec ce théâtre d’ombres où se distinguent faiblement les masses obscures des pilastres de pierre. Le glacier rampe en ondulant dans cette clarté gris-bleu.
Le crépuscule n’est pas encore là et la nuit nous impose ses règles. L’air est âpre et purifié. Nous dormons au camp 1 au pied du Khumjungar à 6.170m.
Il est temps de se glisser dans nos duvets et de rêver au flamboiement des sommets, demain, au lever du jour.

Accès au camp 1

A l’intérieur de la tente au camp 1

 

Dimanche 19 novembre

Nous sommes installés au camp de base avancé à 5.920m. Après avoir organisé l’espace qui va nous accueillir pour plusieurs jours, nous avons remonté le glacier en direction du sommet du Khumjungar. Le paysage puissant et l’immensité des espaces forcent le respect.
Ici tout est démesuré et majestueux. L’air, le vent, la neige, les pierres portent en eux une énergie sourde pleine de spiritualité. Comme les drapeaux à prières qui éparpillent les mantras dans l’azur, les éléments paraissent gorgés de cette vibration gutturale chantée par les moines dans les temples bouddhistes.
Ce soir nous dormons dans notre camp à 5.920m.

Purna au camp de base avancé

 

Samedi 18 novembre

Départ ce matin pour le camp de base avancé à 5.920m. Le vent qui balaye la vallée soulève de microscopiques cristaux de givre qui poudrent l’atmosphère.
Nous avons chargé dans les sacs le matériel à déposer au « High Base Camp ». Avec les sherpas, nous entamons la remontée de la vallée qui s’ouvre devant nous en direction du sud. Le sentier longe la Yamkang Khola. Sa rive droite nous offre un cheminement en balcon qui serpente dans les dépôts glaciaires constitués de sables et de galets. Vers 5.500m, nous traversons à gué pour prendre pied sur l’autre rive avant une montée raide pour atteindre le petit plateau du « Khumjungar A.B.C » (Advanced Base Camp).
Devant nous s’ouvre la passe de Tangye. Après la dépose du matériel, nous poussons jusqu’à 6.300m en remontant la moraine glaciaire pour observer notre objectif. Le Khumjungar se dresse en une élégante pyramide habillée d’un voile de neige soufflée. Depuis notre point de vue, chacun analyse l’état et la structure de la montagne.
Demain nous reviendrons nous installer ici.
Redescente au camp de base.

Vendredi 17 novembre

Nous avons passé notre journée au camp de base. Il nous faut attendre que le vent se calme avant d’envisager la montée au camp de base avancé. Ce temps a été mis à profit pour tester notre caisson hyperbare. C’est une sorte de sarcophage gonflable qui permet, grâce à une pompe, d’augmenter la pression de l’air. Ce système simple permet de traiter efficacement le mal aigu des montagnes en provoquant une perte d’altitude « mécanique ». La pression interne permet à un individu qui fait un malaise à 5.000m, de se retrouver dans le caisson à une altitude de 2.300m.
Le plus dur est de trouver un volontaire pour tester le caisson. Être enfermé pendant une heure dans le caisson est une expérience… particulière !
Demain nous envisageons de faire une dépose de matériel au camp de base avancé à 5.920m.

Mercredi 15 novembre

Cette journée a été consacrée à l’organisation du camp de base. Après avoir établi la position favorable du camp, il faut trier tout le matériel, revoir ce que chacun doit prendre pour aller jusqu’au camp de base avancé, déballer toute les provisions et recomposer les quantités nécessaires au temps de l’ascension. Avec nos amis népalais, faire la Puja* indispensable pour poursuivre en toute sérénité notre aventure et demander humblement à la montagne de nous accepter. Mais surtout il est important pour la suite de l’expédition de faire le point météo. Pas vraiment enthousiasmant pour les jours à venir. Lionel nous annonce un vent violent et un froid intense. Si le froid reste gérable, le vent ne nous permet pas de continuer à progresser vers le Khumjungar. Il faut attendre. Fort heureusement pour nous, Alexandre a prévu une large marge de temps dans le planning de l’expédition.
Initialement prévu demain matin, nous décidons de reporter notre départ.
Nous resterons au camp de base encore un peu. Sagesse et patience.
*Cérémonie rituelle d’offrandes consacrée aux dieux et déesses.

Puja au base camp

 

Mardi 14 novembre

Après avoir franchi le Gowa La, nous avons atteint en fin de matinée notre camp de base à 5.350m. Grâce à notre « Horse Man », les chevaux ont transporté l’ensemble de notre matériel en réalisant une double rotation depuis Kampa Camp.
Le froid mordant qui s’installe au delà de la barrière des 5.000m a fait son apparition et ce soir nous avons sorti les doudounes d’altitude pour la première fois.
Devant nous s’ouvre le corridor creusé par la Yamkang Khola qui nous mènera à notre camp de base avancé au pied de la passe de Tangyé à 6.325m.
Dans la lumière descendante s’illumine la cime du Sano Kailash, flamme orangée tournant au bleu pâle avant de s’enfoncer dans la nuit. Il nous cache le Brikuti, objectif d’une précédente expédition auquel nous avions du renoncer en raison d’une tempête meurtrière qui avait frappé cette région en 2014.
Ce soir le calme règne et le vent froid et régulier est prometteur d’un temps stable et clément. Nous sommes maintenant au cœur du massif du Damodar Himal et les déesses de pierres et de neige observent notre présence avec calme et bienveillance.

Lundi 13 novembre

Après avoir franchi le Gowa La, nous sommes entrés dans la vallée qui va nous mener au camp de base du Khumjungar. Il nous faut remonter la vallée profonde de la Yamkang Khola mais déjà les glaciers et les sommets du massif du Sherapko Himal s’illuminent sur notre droite. A plus de 6.000m, ils vont former avec la chaîne du Bhrikuti, un verrou qu’il nous faudra franchir à 6.325m. C’est cette passe qui nous donnera accès au bassin glaciaire du Khumjungar où nous devrons installer notre camp d’altitude.
Mais ce soir, avec tout le respect que nous lui devons, nous admirerons l’extinction des feux sur le Sano Kailash à 6.452m.
Nul doute que nous entrons dans le monde de la haute altitude.

Samedi 11 novembre

Cet après-midi nous avons installé notre camp à 4.300m, sur le site d’un improbable quartier général des guerriers Kampas qui assuraient il y a plusieurs siècles la sécurité des échanges entre le Tibet et l’Inde.
Notre courte journée de trek nous a conduit dans cette vallée couverte de genévriers, contraste saisissant avec la sècheresse des chemins et celle du col franchi à 4.250m.
Cette nature nous éblouit à chaque seconde et nous recharge en énergie.
Comment ne pas respecter inconditionnellement la vie là où elle se fraye un chemin avec tant d’acharnement et de beauté ?
Nous cherchons du regard notre Khumjungar qui émerge au milieu des sommets du Damodar Himal. Comme toujours en montagne, le sommet semble se dérober et rester invariablement lointain malgré tous ces jours de marche d’approche. Mais la route n’est pas droite et les circonvolutions de l’itinéraire nous tiennent encore à distance respectable de la déesse.

 

Premier aperçu du Khumjungar – Vendredi 10 novembre

Nous quittons Kampa Camp par le nord de la vallée de la Yackchnu Khola pour traverser un premier col à 4.400m. Nous redescendons dans la vallée creusée par la Narsing Khola qui prend sa source au cœur d’une constellation de sommets de plus de 5.500 m. Un deuxième col à 4.450m nous offre notre premier aperçu du Khumjungar. C’est une pyramide éblouissante de neige de 6.759m dressée entre l’Annapurna et le plateau tibétain.
Nouveau bivouac à 3.950m.

Kampa Camp – Jeudi 9 novembre

Direction Kampa Camp.
Le sentier en balcon surplombant un paysage immense a tenu ses promesses. Une étape longue mais magnifique où chaque virage offre un paysage d’une rare puissance. Toutes les nuances de gris et d’ocre s’entremêlent dans les strates de galets et de sable qui forment les pentes inférieures des hauts plateaux du Mustang. Au delà, c’est le royaume des crêtes sombres et des pentes de neiges étincelantes. Les paysages ouverts sur le Gyula Danda (5.270m) et le Tawa Himal (5.750m) annoncent notre arrivée en altitude.
Depuis le passage d’un col à 4.400m, un vent glacial venu des sommets nous accompagne jusque dans la descente sur Kampa Camp où nous arrivons au milieu d’un troupeau de 600 chèvres gardées par des bergers népalais.
Demain nous espérons voir le massif du Damodar Himal et le Khumjungar.

Vue sur le Dhaulagiri au départ du camp

 

Départ de Muktinath – Mercredi 8 novembre

Nous partons aujourd’hui pour notre trek à travers le Damodar Himal, vers le camp de base du Kumjungar. Pendant les dix prochains jours, nous n’aurons plus de contact avec la civilisation. La région que nous allons traverser est isolée avec de nombreux cols dont un à 6.500m.
L’équipe népalaise est constituée de deux sherpas ; Mingma et Ang Dawa qui nous accompagneront en altitude, Tedju le « cook » avec quatre « kitchen boys », et deux « horse men » avec 12 mules transportant tout le matériel de l’expédition.
Nous participons à la Puja* au temple de Muktinath auprès de Vishnu, première marque de respect envers la montagne. Les drapeaux à prières emporteront dans l’air cristallin, nos espoirs d’une montagne sereine et bienveillante.
*Cérémonie d’offrandes consacrée aux dieux et déesses.

Premier bivouac – Mardi 7 novembre

Premier jour de camp posé sur un petit plateau aux limites du Mustang. En l’espace d’une heure, le dépaysement total nous étonne. Nous passons des bétons de Muktinath, haut lieu de pèlerinage hindouiste, au plateau aride et sauvage du haut Mustang où la végétation rare et le vent omniprésent accentuent le caractère rude et sévère du lieu. Les fossiles d’ammonites qui parsèment le sol nous rappellent que cette terre a jaillit du fond de l’océan primitif dans les convulsions tectoniques de la chaine himalayenne.
Pour rendre la tâche plus facile à notre équipe népalaise, nous nous sommes attribués des surnoms népalais :
Philippe, qui a toujours ses batteries chargées au sens propre comme au sens figuré, s’est vu attribuer le surnom de Bijouli. Ce qui veut dire Electricité.
Tchitchile est le dérivé naturel de Cécile pour un népalais.
Pour Guillaume il nous a suffit de traduire le petit nom que lui donne Marine, sa femme, depuis son expédition à l’Amotsang, Sano Maya (Petit Cœur).
Enfin Alexandre a conservé son sobriquet de Poète, Kovita en népalais, donné par Lionel lors de la précédente expédition. Lionel est notre routeur météo, que nous aurions préféré comme équipier. Parfois une variante apparait: Patné Kobita, on vous laisse trouver la traduction…
Demain direction Kampa camp.

1ère acclimatation – Lundi 6 novembre

Depuis Jomsom, nous commençons notre acclimatation. Avant de rejoindre Kagbéni, nous passons un col à 3.460m. Le vent se lève tous les jours en fin de matinée pour ne s’arrêter qu’à la nuit. La poussière soulevée est un ennemi sournois qui provoquent des rhinites et dessèche la peau. Nous sommes en permanence soumis à la morsure du sable mais comment ne pas être émerveillés par l’ampleur des paysages traversés. Et surtout par l’acharnement héroïque des hommes et des femmes qui peuplent les maigres oasis de verdure accrochées aux rives de la Kali Gandaki.

Demain nous partons pour Muktinath. Il nous faudra retraverser la vallée et remonter les pentes de la dépression du Mustang.

Quatrième jour – Dimanche 5 novembre

Depuis Pokhara nous rejoignons Jomsom. Bilan du trajet : 11 heures de chaos, une réparation de boite à vitesse sur le bord de la piste et une crevaison.
La route nous aura tout de même permis de traverser un paysage immense, serpentant entre deux géants, le Dhaulagiri (8.167m) et l’Annapurna (8.091m), qui ouvrent la porte du Mustang. Les perturbations bloquées par la masse des montagnes, délaissent ce territoire sec et rocailleux mais sublimé par les couleurs des pentes érodées par un vent permanent. Jomsom, bâtie à 2.800m, est surplombée par la face terrifiante du Nilgiri North (7.061m). Une face de 3.000m de glace et d’arêtes vertigineuses.
L’Himalaya n’est plus cette masse lointaine drapée de brume et de nuages que nous distinguions au loin. Nous sommes dans le ventre de la déesse. La Kali Gandaki qui s’écoule devant nos yeux prend sa source au pied d’un glacier du Mustang à plus de 6.000m et va parcourir 650 Km avant de rejoindre le Gange. Car la nature ici n’a pas de retenue. Elle se déploie dans toute sa puissance et sa démesure.
Et nous, nous demandons à la déesse de nous accepter, fragiles humains invités sur cette terre.

Troisième jour – Samedi 4 novembre

 

Nous partons pour Pokhara. Nul ne sait combien de temps il nous faudra pour atteindre la ville. La sortie de Katmandou peut varier d’une heure à six heures. Et le reste de la route est une succession de courses-poursuites entre les camions, les bus et les voitures. Ici, comme souvent en Asie, la priorité se calcule en fonction de la taille. Les droits sur la route sont proportionnels au gabarit du véhicule et inutile de vous dire qu’un piéton n’a visiblement pas d’existence réelle pour un chauffeur de poids lourds.

Nous faisons une halte pour grignoter et boire un thé avant de reprendre la route. Les paysages se déroulent dans une succession de gorges profondes taillées par les rivières descendant des sommets et les étagement des cultures à flancs de collines.

Tout est lumineux et nappé d’un velours vert tendre. En cette période, le ciel est d’un bleu parfait mais nous pouvons imaginer ce que doit être le même voyage sous les trombes d’eaux de la mousson !!!
Soudain les constructions se densifient, nous approchons de Pokhara.

Pokhara est une sorte d’antithèse de Katmandou. La présence de son lac aux eaux turquoises, les enfants et les femmes qui se baignent avec leurs saris multicolores, la douceur de l’air, les sommets étincelants qui enserrent la ville et ce léger voile de vapeur qui nimbe l’atmosphère, tout cela organise un tableau incroyablement serein.

Mais cette étape ne durera qu’une nuit. Demain il faudra prendre la route pour Jomsom au cœur de la chaine himalayenne.
Pour l’instant nous reprenons notre déambulation, prélude à notre entrée en altitude.

Deuxième jour à Katmandou – Vendredi 3 novembre

Dès le matin, l’épiderme urbain de la ville se déploie. Il se craquèle, se fend, se déchire en ruelles, immeubles, ponts, places surplombés par la capillarité des fils électriques en touffes denses et incompréhensibles. Au dessus d’un ciel laiteux, le soleil va remplir son office et vider l’atmosphère des restes d’humidité nocturne. Alors tout deviendra bleu. Le quartier touristique de Tamel est le centre bouillonnant de Katmandou. Les magasins, les pseudos agences de trek, les bars, les restos s’empilent sans cohérence. Mais tout ce désordre est le passage obligé et, paradoxalement apaisant, de toutes les expéditions. Nous allons faire notre pèlerinage chaque fois répété à la Bodnath, le grand stûpa, principal sanctuaire bouddhiste de la ville.

Guillaume face à la Bodnath

Phil au pied de la Bodnath

La Bodnath

Last Beer : Népal Ice Strong !!!

Un dernier resto avec Haribol pour notre dernière soirée à Katmandou avant le départ vers Pokara.

Premier Jour à Katmandou – Jeudi 2 novembre

Arrivés à Katmandou. La ville se révèle doucement à travers sa chaleur, son bruit et l’atmosphère si particulière qui la caractérise. Pour certains c’est un chaos permanent, le résultat poussé au paroxysme du divorce entre l’homme et la nature. Pour nous Katmandou sera toujours un sas indispensable et rassurant, un instant d’inaction et de flânerie, quelques achats en complément pour notre expédition, et les petits bars à découvrir dans les méandres de la ville pour avaler l’inévitable Everest Beer.

Arrivée Katmandou

Everest Beer

Nous retrouvons Haribol de Tribéni-Trek qui nous fait découvrir les restos hors zone touristique pour notre première soirée à Katmandou.

Guillaume et Haribol

Phil et Haribol

Dal Bhat Katmandou

Le grand départ

Après quelques cafouillages, nous voici à l’aéroport. Le grand oiseau de métal de la Thaï va maintenant nous porter dans son flanc jusqu’au pays du rêve. En nous, Katmandou commence déjà à vibrer de son énergie spasmodique, le vent de la vallée de la Kali Gandaki nous dessèche déjà la peau, et bientôt la face monstrueuse du Nilgiri North surplombera la piste poussiéreuse.
Tous les aéroports du monde invitent à la rêverie. Le « village mondial » est là, sous nos yeux. Il prend la forme d’un tableau des départs où s’égrènent les villes de tous les possibles : Berlin, Londres, Singapour, Bombay, Capetown, Oslo, Bangkok…
Nous suivons sans résistance le parcours obligatoire du passager : enregistrement, sécurité, police des frontières, pour déambuler sans but dans la vaste zone internationale.
Il ne nous reste plus qu’à attendre.

Départ de Roissy

Remerciements aux sponsors

L’excitation des derniers préparatifs ne doit pas nous faire oublier tous ceux qui nous ont soutenus et accompagnés dans ce désir d’horizons et d’altitude. Des entreprises ont porté avec nous ce projet.
Et leur aide va bien au delà du simple aspect matériel. Croire dans le projet d’un autre, c’est lui donner raison contre tous les obstacles qui se dressent devant son envie d’entreprendre. Grâce à eux, bientôt nous serons sur le chemin qui nous mènera aux confins de la barrière himalayenne. Dans les plis des plaques tectoniques qui poussent le continent indien vers le nord en soulevant le Népal de quelques centimètres par an et qui laborieusement, ont dressé le Khumjungar à 6.759m, nous avancerons calmement vers notre but.
Ils seront avec nous, dans chaque pas, dans chaque souffle : Jean Yves Bizot, viticulteur à Vosne-Romanée, Cave la Chartreuse et Thaï Airways.
Namasté.

1 et 2 juillet : WE de préparation

L’histoire a déjà bien commencé dans nos esprits, nous avons les deux arêtes, des images et quelques chiffres en tête, notamment le nombre de jours en très haute altitude ainsi que le budget…
Ce WE est véritablement le lancement du projet et pour bien faire les choses nous nous retrouvons en Bourgogne chez Felix. Le temps fort a été la rencontre de Jean-Yves Bizot, vigneron aventurier à son domaine de Vosne Romanée. Autour d’un verre de Bourgogne « Le chapitre », nous nous retrouvons sur une démarche similaire de deux univers pourtant très différents.
Nous avons en commun une volonté de liberté dans l’accomplissement de nos passions, mais aussi vis-à-vis des règles implicites qui ont été établies, que ce soit par l’industrie du tourisme ou celle du vin. D’aucuns tentent d’imposer des normes, celle de gravir ce sommet, celle de suivre cet itinéraire, celle de produire du vin de cette façon… Mais la norme est uniquement celle à laquelle on veut bien se plier, car les possibilités sont bien plus grandes et il appartient à chacun de tracer sa propre voie. Pour cela, il fallait avoir le courage de faire ce pas de côté, celui qui permet de se retrouver hors des sentiers battus et de basculer dans le domaine de l’inconnu. Parfois il suffit de revenir aux fondamentaux, à l’origine des pratiques qui ont malheureusement souvent été oubliées, à une époque où expédition rimait avec exploration…. Aujourd’hui, nous pensons vivre dans un monde où le champ des possibles se limite à ce qui est connu et que l’on veut bien nous proposer, et qu’aucune autre alternative n’est raisonnable. Beaucoup sont pourtant étonnés d’apprendre qu’il existe encore des territoires à découvrir et qu’ils n’ont rien d’inaccessibles à qui veut bien se donner la peine… et l’inspiration. Cela implique de prendre un risque, non pas un risque conduisant à un danger direct et physique, mais le risque de l’échec. Ce risque de l’échec se traduit souvent par la peur de se heurter à l’inconnu. Pourquoi s’embarrasser d’incertitudes alors qu’une autre aventure peut être vécue sur un itinéraire bien connu, balisé dans l’espace et dans le temps, et donc où les chances de réussites sont plus élevées ? Mais c’est sans compter par cet esprit de liberté qui nous anime !
Une belle aventure humaine en perspective que Jean-Yves soutient par une action de mécénat.

Le projet et l’équipe en quelques pages

Notre première rencontre avec Jean-Yves Bizot

WE de préparation dans les Alpes

Samedi 10h30: Objectif les Rouies

Nous avons rendez vous dans « l’Himalaya français » (G. Rébuffat), à la chapelle en Valgaudemar ; sans Alex/Félix, malheureusement indisponible.

Rouies

Gioberney, vallon de la Condamine, cabane du Vaccivier…les lieux dits s’enchaînent à bonne allure. Les machines bipèdiques sont bien rodées, Elles fonctionnent parfaitement à plein régime mais c’était oublier le soleil de cette semaine caniculaire; qui a failli nous faire « couler une bielle ».
La dégustation de la spécialité locale, les tourtons, pendant la pause fraîcheur en bord de torrent nous ayant ragaillardi, les derniers dénivelés jusqu’au refuge du Pigeonnier sont rapidement effectués.
L’après midi est diversement occupée : sieste et essayage de matériel pour Tchitchile , photos et lecture pour Guillaume et Smarty. La météo n’ayant pas pu être obtenue, l’orage de grêle de fin d’après midi nourrit les prédictions.
C’est donc avec l’incertitude du lendemain que nous nous assoupissons, rassasiés par le spectacle de la face Nord de l’aiguille de Morge sous éclairage crépusculaire…

Rouies

Rouies

Dimanche 4h du matin

Ambiance des tout petits matins en altitude : gestes ralentis, paroles réduites au minimum, échanges de regards parfois anxieux entre équipiers…Chacun se concentre pour faire le plein d’énergie et se préparer. Sur les conseils de Smarty nous ne nous précipitons pas, la course sera aussi longue pour les premiers que les derniers partis.
La longue procession commence, les lampes des autres candidats au sommet nous indique la route.
Au pied du couloir nous essuyons quelques grêlons, ce qui nous empêche pas de poursuivre notre ascension sur une neige plutôt molle.Notre progression est rythmée par les « corde tendue, Tchitchile !» de Smarty, qui ne se relâche jamais sur la sécurité ; Saint Lionel nous observe !
Le ciel peu clément continue de s’assombrir, un coup de tonnerre retentit comme un coup de semonce ; à 3300m il est temps de prendre LA décision : insister pour monter et prendre le risque d’une averse ou jouer la sécurité et redescendre ? Nous redescendons, conscients qu’il vaut mieux regretter de ne pas faire une course que regretter de l’avoir fait… L’arrivée sur le refuge se fait rapidement, les remords fluctuant au rythme des éclaircies et des giboulées.

Rouies

Rouies

Un grand café/saucisson plus tard, le moral est au beau fixe, contrairement au ciel. Le retour sur le parking est propice à la réflexion : décision est prise pour la prochaine sortie début Septembre de faire le Rateau et une école de glace. D’autres questions techniques sont aussi soulevées : fourniture d’équipement pour les sherpas, achat de matériel etc…
Bref, l’expé est bien lancée !