Expédition Baruntse 2015, 7160m
Les maconnais : le blog de leur expédition

 

Préparatifs

Sur les quais Lamartine à Macôn, nous refaisons le point avec Alexandre avant le départ. Jérôme est dans les starting blocks pour se joindre à nous mais son départ est conditionné par le renouvellement de son passport. Nous préparons le projet depuis un an et c’est maintenant les points de détail que nous ajustons : itinéraire, les derniers aménagement de la route ; équipe, Mingma et son frère seront nos anges gardiens ; matériel, ce qu’il faut pour chaque tronçon et bien sur pour le sommet ; administratif, la vérification que tout est en ordre ; communication. La tension monte d’un cran et Alex nous dit « relax »… la pression redescendra une fois dans l’avion.

Camp I du Baruntse.

 

 Camp I du Baruntse.

 

4 octobre

La Saône à Macôn Le CM2 Vincent Auriol

La Saône à Macôn, notre point de départ et le CM2 Vincent Auriol avec les élèves qui vont nous suivre.

 

Le temps s’accélère. Dans une semaine nous serons sur place. Jérôme a eu son passeport, et à l’arrache, le voilà parti dans l’aventure !! Quel suspens jusqu’au bout. Ce dernier weekend a été passé à régler les derniers détails. Mais les bagages sont lourds. Il va nous falloir encore et encore trier. La semaine dernière histoire de voir où en était la forme, nous sommes allés au Mont Blanc. Pour le moment, tout est OK. Le contact que nous avons eu avec les élèves du CE2 Vincent Auriol à Mâcon avant les vacances a été très bon et 11 élèves ont décidé de nous suivre dans notre aventure. Espérons que nous serons à la hauteur de leurs espoirs.
Une autre opération est menée avec une classe de 5ème du collège St Exupéry de Mâcon. Avec Muriel comme chef de projet, toute une équipe pédagogique accompagne le CAF de Mâcon dans un projet « montagne ». Ou comment découvrir cet environnement exceptionnel au travers d’un projet éducatif. (beaucoup d’enseignants ont joué le jeu : SVT, physique chimie, mathématiques, français, anglais, et musique !) Dans ce projet, notre projet vient s’y insérer à merveille. La montagne, c’est aussi ailleurs, dans d’autres pays et d’autres cultures. Je les ai rencontrés récemment. Très curieux et posant plein de questions. Ils iront loin ! Tous ces élèves nous suivront sur le blog et en fin d’année scolaire, j’espère pouvoir leur visionner le film que je compte réaliser.

Prochain message de Katmandou !

La nouvelle altitude du Mont-Blanc

La nouvelle altitude du Mont-Blanc.

 

12 octobre : arrivée à Kathmandu

Ce matin, dernier briefing d’Alexandre.
Trois choses à retenir : marcher très doucement, boire beaucoup et no stress.
L’après-midi est consacrée à l’achat des vêtements pour Christian, son bagage principal est coincé quelque part entre Paris et Kathmandu. On essaye de le dépanner avec ce qu’on a mais ça ne suffit pas. Ses bagages seront acheminés directement au camp de base quand ils arriveront. Kathmandu est étrangement calme. Peu de touristes (les suites du tremblement de terre de ce printemps) et surtout les problèmes d’essence qui restreignent beaucoup la circulation. Du coup pas de klaxons ou presque et un air respirable. Ceux qui connaissent Kathmandu apprécient !!! Thamel (le quartier touristique) n’a pas été touché par le tremblement de terre et nous avons vu peu d’immeubles à terre. Où ont été prises les images diffusées en boucle sur nos médias ? Demain matin, départ en bus à 7H00 pour une journée de route et piste. Et puis, le début de l’aventure

 

13 octobre : départ de Kathmandu

Hier soir, le bagage de Christian n’était toujours pas arrivé. Par acquis de conscience mais aussi une certaine incrédulité dans les explications inconsistantes de Jet Airways, Christian a fait un saut à l’aéroport pour jeter un œil sur les bagages orphelins : rien. Aujourd’hui, c’est l’heure du départ, Babulal a fait donner une pudja (cérémonie) par son lama et nous transmet sa bénédiction par le truchement d’un cordon bleu, une khata (écharpe de soie) et une cuillère de dahï (yaourt). Un an de préparation et nous y voilà, permis en poche, moral au sommet et prêt pour découvrir les contreforts himalayens dans notre trek d’approche.

 

Bénédiction avant le départ pour l'expédition Baruntse Bénédiction avant le départ pour l'expédition Baruntse Bénédiction avant le départ pour l'expédition Baruntse

Jérôme et Jean recevant le cordon et Damien la khata, les meilleurs auspices pour une réussite de l’ascension du Baruntse.

 

14 octobre

Arrivée de notre jeep à 20H00 après la traversée de cols des monts Mahabarath, la première chaîne de montagne de l’Himalaya. Les cols car nous avons déjà franchit un premier col en direction du Téraï, la plaine népalaise qui fait frontière avec l’Inde, puis nous sommes repartis vers le nord en repassant un autre col, suivi d’une descente vertigineuse. Traversée de rivières et de torrents aux eaux laiteuses des glaciers, passages en crêtes d’un col à l’autre, la route n’en finit pas de sinuer à travers ce paysage démesuré sur des lacets au goudron aléatoire. La nuit sera méritée pour tous avant notre première journée de trek demain. Le bagage de Christian est aussi arrivé dans l’après-midi par un itinéraire tout aussi tortueux.

Jeep entre Kathmandu et Salleri Rizières au départ du trek

Départ pour l’aventure à bord de la jeep et pour 12 heures de route, les rizières à l’arrivée.

 

20 octobre

Après les 12 heures de jeep pour le trajet entre Kathmandu et Salleri, nous avons commencé le trek. Entre 1000m à 4000m, nous avons traversé la région du Solu, la partie basse de la région de l’Everest. Beau temps pour toutes ces étapes avec des nuages qui arrivaient régulièrement l’après-midi. Tout le monde va bien et nous passerons demain ou après-demain le Mera La, le premier passage à plus de 5000m de notre itinéraire.

Monastère du Solu Stupa au Solu Khumbu

Monastère et stupa du Solu Khumbu.

 

23 octobre

Notre trek d’approche nous fait passer une première fois en altitude à 4000m avant de regagner l’itinéraire classique du Mera. Nous profitons à Tagnag de la journée d’acclimatation pour nous reposer, enfin certains sont plus ambicieux que d’autres. Puis nous franchissons le Mera La, à 5400m pour basculer dans la vallée de Hinku.

Monastère du Solu Stupa au Solu Khumbu

Monastère et stupa du Solu Khumbu.

 

26 octobre

Nouvelles très brèves de l’équipe par téléphone satellite : tout va bien. L’équipe est maintenant au pied du Baruntse, au camp de base. Il est vraisemblable que les sherpas au moins ont commencé à faire des portages au camp I à 6140m. Sur la photo ci-dessous, le couloir du west col qui permet d’accéder au camp I sur le glacier du Baruntse.

Le sommet du Baruntse vue depuis le camp de base

Le sommet du Baruntse vue depuis le camp de base.

Camp de base du Baruntse Pudja au camp de base du Baruntse

Notre camp de base où nous faisons l’indispensable pudja avant d’approcher la montagne.

 

27 octobre

Après une journée d’acclimatation au camp de base, à 5400m nous partons ce matin pour le camp I à 6100m.

Camp de base du Baruntse Pose des crampons au pied du west col

Le camp de base du Baruntse dans la brume (29 octobre) et pose des crampons au pied du west col.

 

31 octobre

Depuis le 26 octobre la situation a bien évolué. Jérôme et Jean malades ont été rapatriés par hélicoptère à Kathmandu. Le succès de l’équipe repose dorénavant sur les épaules de Damien et Christian.
Après être arrivé en bonne forme au camp de base à 5400m, la montée au camp I à 6100m s’est faite normalement. La nuit a été difficile pour Jérôme qui a commencé un mal aigu des montagnes et a dû être redescendu rapidement au camp de base pour un rapatriement sur Kathmandu. Pendant ce temps les autres membres de l’équipe sont montés jusqu’à 6400m pour l’acclimatation avant de redescendre se reposer au camp de base.
Ce repos au camp de base a été difficile pour Jean qui a souffert d’une angine l’empêchant de respirer correctement. Son retour sur Kathmandu a donc également été demandé. Ils seront de retour en France dans les prochains jours. En ce moment, Damien et Christian sont au camp II. Sommet envisagé pour lundi 2 novembre.

 

Chierpa d’altitude : une histoire de chien ou une histoire de sherpa ?

Juste après le passage du Mera La, un chien a commencé à nous suivre. Sans trop nous en occuper au début, il est finalement arrivé avec nous jusqu’au camp de base du Baruntse, à 5400m. Pas de tente pour lui mais une équipe cuisine qui lui donnait de quoi tenir le coup. Mais ensuite, quand nous sommes partis pour le camp I, il n’a pas lâché l’affaire nous accompagnant jusqu’au pied du west col. L’histoire aurait pu et sans doute dû se terminer ici, mais nous sommes au Népal où l’insolite rejoint souvent l’extraordinaire. Alors au pied du west col, notre chierpa d’altitude ne s’est pas démonté, droit dans la face, sans corde fixe, en solo libre !!! Nous avions tous la tête dans le guidon ou plutôt dans les crampons, nous sommes pas tous égaux devant l’altitude. Alors on a vraiment été étonnés de retrouver chierpa au sommet du col. Il faut préciser que le west col est une pente à 45-50° sur 150m, chapeau toutou !!!
Les sherpas ont sans doute plus l’expérience que nous avec ce genre de rencontres et lui ont creusé un trou dans la neige pour qu’il passe une nuit fraîche à 6100m. Le lendemain, des poils étaient restés collés dans la neige gelée, notre cinquième de cordée s’est dégourdi pour pousser avec nous en direction du camp II jusqu’à 6400m. Cette fois, une pente à 30-35° verglacée et toujours pas de crampons pour chien à proximité. Sans trop comprendre ses capacités de chierpa népalais, on l’a de nouveau retrouvé au-dessus avec nous.
A partir de là, notre souci concernait le retour de chierpa au camp de base. Monter des pentes verglacées avec des coussinets canins relève déjà de l’exploit, mais redescendre ces mêmes pentes commence à tenir du miracle. Autant dire qu’à ces altitudes, on ne croit plus vraiment aux miracles. Alors, on ne donnait pas cher de la peau de chierpa. Surtout, qu’il a déjà une patte cassée et parait borgne. Au sommet du west col, le rappel de 150m ne lui paraissait pas négociable, comme devant chaque obstacle, des gémissements puis l’idée de trouver son chemin, alors il a contourné le problème en retournant sur ses traces (ascension et rappel ne sont pas au même endroit). On ne pensait vraiment pas le retrouver entier. Et bien si, il était avec nous le soir au camp de base. Le reste de lyophilisés de Jean l’on surement aidé aussi !!!
Ce qu’il nous reste à savoir c’est s’il est reparti avec Damien et Christian pour l’assaut final ? Suite avec le retour de nos copains.

 

Chien d'altitude

Le camp de base du Baruntse dans la brume (29 octobre) et pose des crampons au pied du west col.

 

1 novembre

Le 30, Mingma et Norbu sont allés faire la trace suite aux chutes de neige. Ils sont repartis tracer hier car il y a trop de neige et demandent la météo pour les jours à venir, le sommet approche…

 

2 novembre

Aujourd’hui devrait être le jour J, la météo est au beau, on croise les doigts. Hier, Mingma et Norbu sont allés faire la trace suite aux chutes de neige

 

3 novembre

Le sommet n’a pas été possible hier, l’ascension sera peut-être pour aujourd’hui.

 

4 novembre

Hier soir, appel de Damien avec le téléphone satellite depuis le camp de base du Baruntse. Avec Christian, ils ont tenté le sommet et sont parvenus jusqu’à environ 7000m. Là, une grosse corniche infranchissable. Un des sherpas a bien tenté de passer, ce qui lui a valu un petit saut dans le vide sans gravité heureusement. Pas moyen de franchir la corniche qui est en plein sur l’arête sommitale du Baruntse, une arête effilée.
Cette année le Baruntse n’a pas été encore gravi et ne le sera vraisemblablement pas. Les lois de la nature, l’équipe était pourtant tout près du sommet.
Aujourd’hui, toute l’équipe se met en route pour le passage de l’Amphu Laptsa, un col à 5800m qui s’apparente un sommet, une expédition dans l’expédition. Ils arriveront ensuite dans le Khumbu où le réconfort des lodges ne sera pas du luxe.

 

10 novembre – Retour à Kathmandu

Christian et Damien son de retour à Kathmandu après la traversée de l’Amphu Laptsa et la descente du Khumbu. Christian a été le moins sensible à l’altitude de nous tous mais cela n’aura pas suffit, la fameuse corniche a eu raison de notre tentative.
Et Chierpa alors ? Il est remonté avec Christian et Damien au camp I et passé encore deux nuits au camp I, les poils collés dans la neige glacée au réveil. Mais comme une autre équipe arrivait, il a préféré rester au camp I et Christian et Damien ne l’ont pas revu. Un véritable chien d’altitude, il aura passé au moins 5 nuits au camp.
Une équipe en expédition au Tukuche peak avait aussi rencontré un de ces chiens qui n’ont pas de pédigrée ni de famille, des toutous montagnards libres.